Voici un extrait de l'Historique du 276ème RI concernant les combats de Crouy de janvier 1915. (anonyme, Berger-Levrault, 1922)

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AUX TRANCHÉES DEVANT SOISSONS
Le mouvement de poursuite est arrêté et la guerre de tranchées commence.
Jusqu'au 10 janvier, le régiment restera en première ligne, passant alternativement six jours sur la rive droite entre la Montagne-Neuve et la dent de Crouy, et six jours sur la rive gauche, à Mercin et Pernant. Les hommes s'adaptent très vite à ce nouveau genre de guerre, travaillant sans cesse pour améliorer leurs positions et faisant preuve d'un calme stoïque sous le bombardement.
L'organisation définitive de la Montagne-Neuve (cote 132) demande un gros travail : il s'agit de progresser à la sape pour donner à la défense une assiette qui lui manque au début.
Officiers et soldats font preuve d'une intelligente ardeur et de beaucoup d'endurance.
Le lieutenant LACAUX occupe, de sa propre initiative, un petit bois situé à 100 mètres en avant des lignes, bois qu'il trouve momentanément évacué en faisant une patrouille de nuit. Notre position en est grandement améliorée.
Le secteur de Mercin-Pernant, couvert par l'Aisne, est plus calme ; mais il demande une surveillance très active, les Allemands tenant une tête de pont en avant de Pommiers et faisant preuve, par de fortes patrouilles de nuit, d'esprit d'entreprise.
Les pertes sont peu importantes, mais quotidiennes.
COMBATS DE CROUY (10-12 janvier 1915)
Le commandement a décidé d'enlever les lignes allemands situées en avant du secteur de la cote 132.
Pour cela, le secteur a été divisé en deux sous-secteurs.
Celui de gauche, allant du ravin de Pasly au petit bois inclus, a été l'objet, le 8 janvier, d'une attaque réussie faite par un régiment marocain ; celui de droite, allant du petit bois à la dent de Crouy, sous les ordres du lieutenant-colonel LEJEUNE, est réservé au 6ème bataillon du 276ème, qui doit attaquer le 10.
Le régiment occupe ses positions dans la nuit du 9 au 10 janvier : le 5ème bataillon, en réserve à la Montagne-Neuve (sous-secteur de gauche), le 6ème bataillon à côté du 204ème.
A 16 heures, le 6ème bataillon se précipite à la baïonnette et s'empare de son objectif. Seule, une portion de tranchée à contre-pente, au centre de la ligne, reste aux mains de l'ennemi. Nos hommes s'organisent dans leur conquête, mais l'artillerie ennemie réagit d'une manière intense et les pertes sont lourdes. Plusieurs contre-attaques sont énergiquement repoussées.
Le bombardement sur toutes nos lignes continue sans interruption le 11. Une tentative, faite dans la journée pour s'emparer de la portion de tranchée occupée par les Allemands, échoue.
Dans la nuit du 11 au 12, le bataillon du 204ème est relevé, en deuxième ligne, par le 64ème bataillon de chasseurs ; dans le sous-secteur de gauche, un bataillon du 60ème relève le bataillon du 231ème dans la tranchée prise aux Allemands le 8.
Le temps est détestable ; il y a une boue affreuse dans les boyaux et les tranchées.
Le matin du 12 janvier, la disposition des troupes est la suivante :
a ) Sous-secteur de gauche : un bataillon du 60ème dans les tranchées allemandes, le 5ème bataillon du 276ème dans les anciennes tranchées françaises ;
b ) Sous-secteur de droite : le 6ème bataillon du 276ème dans les tranchées allemandes ; le 64ème bataillon de chasseurs dans les anciennes tranchées françaises.
Le tir de l'artillerie allemande devient de plus en plus intense ; un coup de gros calibre fait effondrer l'abri du colonel du 60ème, qui est tué avec ses agents de liaison.
A 10 heures, une attaque formidable de l'ennemi se déclenche sur toute la ligne depuis le ravin de Pasly jusqu'au ravin de Crouy inclus.
A gauche, les compagnies du 60ème sont submergées ou se replient sur nos anciennes lignes, qui sont également envahies ; le 5ème bataillon, dont le commandant ( BRU ) est blessé dès le début, fait preuve d'une vigueur extrême.
Le capitaine LEMESLE, qui est tué presque aussitôt, puis le capitaine FLOQUER, organisent la défense, et, par leurs contre-attaques, empêchent l'ennemi de déboucher des boyaux, mais nos anciennes lignes sont en son pouvoir.
A droite, le 6ème bataillon a tenu bon. Afin d'empêcher l'ennemi de s'infiltrer dans nos organisations, le lieutenant-colonel place une compagnie du 64ème chasseurs en potence face à gauche dans un boyau qu'elle aménage en tranchées.
La situation se maintient sans modification jusqu'à 16 heures, malgré les tentatives de l'ennemi.
A ce moment, les chasseurs, impressionnés par l'intensité du bombardement, cèdent à la pression ;l'ennemi s'infiltre dans nos organisations ; le 6ème bataillon du 276ème est pris à revers ; toute résistance est devenue impossible.
Le lieutenant-colonel, chassé de son poste de commandement, se porte en arrière, sur la route de Soissons, pour rallier ses unités. A la nuit, il avait constitué un barrage sur la route de Crouy à la Verrerie, avec trois compagnies de chasseurs et une compagnie de 120 hommes, débris du 6ème bataillon du 276ème .
La nuit du 12 au 13 et la journée du 13 janvier se passent dans cette situation : le 5ème bataillon tenant toujours à la Montagne-Neuve ; le 6ème bataillon en position au bas de la pente.
A 22 heures, le régiment est replié et va se reformer à l'arrière.
L'affaire de Crouy lui a causé les pertes suivantes : 750 tués, dont 11 officiers ; 600 prisonniers, la plupart blessés

 

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