
Les Allemands ont reculé devant la résistance puis la contre attaque française. Le 10 septembre direction Lizy sur Ourcq en passant par Etrépilly. Beaucoup, beaucoup de cadavres, surtout des allemands. Les villages ont été brûlés lors de la retraite. Une pause sur les hauteurs où se sont déroulés de terribles combats. Et on repart par Vincy-Manoeuvre. Plus une maison debout. "je n'ai rien vu de pareil". Puis Auteuil en Valois où il y a beaucoup de blessés allemands que l'armée qui se retire n'a pu prendre en charge. Toujours à la recherche de l'eau, est envoyé en corvée d'eau, perd la colonne pour ne la retrouver que le soir à 21H. Cantonnement à Thury en Valois. Le 11, départ tôt comme toujours à la poursuite des boches qui ne sont qu'à 1H30 devant selon les habitants qui sont restés. Traversée de la forêt de Villers-Côtteret, puis Oigny où "les habitants sont heureux de voir des culottes rouges". La nourriture : des pommes trouvées sur le bord des chemins, car l'intendance ne suit pas.
Marche à travers champs sous la pluie. Arrêt à Longpont pour s'abriter. Peu après être reparti, demi-tour, erreur de route. La route de Soissons est trouvée à 18H. Peu avant Cravanon, demi-tour de nouveau, le pays est bombardé par les Allemands qui couvrent leur retraite. Le cantonnement se fait à Vertes Feuilles. Le 12, départ en formation de combat vers Soissons, sous la pluie. Un aéro ayant repéré la troupe, l'artillerie allemande tire et fait des blessés. On repart malgré tout en formation de tirailleurs.
En route vers les portes de Soissons. Les obus tombent à foison. St Christophe dans une ferme qui est aussitôt bombardée. Marche en avant sous les obus et les voilà dans Soissons. "déjà fort éprouvé". Bon accueil de la population après 12 jours d'occupation allemande. Tentative d'approche de l'Aisne mais la troupe est stoppée par les mitrailleuses allemandes. L'ennemi est au contact. Nuit en ville et pour la première fois depuis le début de la guerre ils mangent dans des assiettes. Le sergent major Matteï paye le champagne pour arroser ses galons. Mon Grand-père restera en contact avec Georges Matteï jusqu'à son décès. Ce dernier a écrit à ma Grand-mère en 1971 après le décès de mon Grand-père " nous étions avec le caporal Briffault trois amis inséparables"
Dimanche 13 septembre : passage de l'Aisne sur un pont en partie détruit, et ils entrent dans St Waast. Ils tentent de conquérir la crête "en utilisant les replis du terrain nous avançons sous les obus". Objectif: une batterie ennemie. Les deux compagnies qui montent à l'assaut s’ abritent dans un petit bois et de là ils voient les Allemands faire des tranchées sur les crêtes voisines. L'après-midi ils redescendent car sans soutien (de l'artillerie entre autre). A mi-côte, arrêt. Et on commence à creuser des tranchées, aux côtés de tirailleurs marocains qui seuls avec les 2 compagnies du 276 me ont passé l'Aisne. Pour nourriture, des pommes cuites à l'eau et du potage. Le pain manque depuis 2 jours, ils sont séparés du régiment. Nuit dans les tranchées sous la pluie. La fusillade est proche pendant toute cette nuit.
14 septembre : réveil et on tente de reprendre les positions de la veille. Contact avec les Allemands dont un est blessé alors qu'il revenait chercher 5 chevaux. Il est fait prisonnier et est enfermé dans la ferme. Mais les obus tombent de nouveau qui obligent au repli dans une carrière de sable. Là le capitaine nous menace car nous avons reculé, et de nouveau départ vers la ligne. Arrivés, les obus des 75 français tombent sur eux, tuant un homme et en blessant beaucoup d'autres. Vers 14H ordre est donné de redescendre vers Soissons. Ils attendent à la verrerie et à la nuit, repassent l'Aisne pour rentrer dans la ville qui a subi de nouveaux dégâts.

Photos de Soissons en 1914
Les soldats ne le savent pas encore, mais la poursuite qui a fait plus de 75 km s'arrête là, la guerre de mouvement est terminée. Va commencer la guerre de position. Les armées vont s'enterrer et le front restera figé de longs, très longs mois. Avec des épisodes douloureux, des offensives souvent inutiles, jusqu'à la guerre totale de l'année 1918.

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